PRODUCTIVITÉ

PRODUCTIVITÉ
PRODUCTIVITÉ

Implicitement, avant même l’apparition de ce terme, la notion de productivité avait été fort bien pressentie par les économistes classiques, contemporains de la première révolution industrielle. «Obtenir plus de produit pour le même travail, c’est le comble de l’industrie», écrivait déjà Jean-Baptiste Say dans son Traité d’économie politique , au début du XIXe siècle, cependant qu’Adam Smith ouvrait la Richesse des Nations par un premier livre relatif aux «causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail». Bien plus, ces auteurs avaient également perçu les relations entre les phénomènes de productivité et ceux d’«étalonnage», de mécanisation, de division du travail, d’emploi, de coût de production, de prix de vente, de répartition des revenus. Cependant, si l’idée même de productivité est ancienne, son essor intellectuel et ses applications statistiques sont relativement récents. Aussi est-elle encore exposée à des maladies de jeunesse et à des crises de croissance. En ce sens, elle a donné lieu après les années cinquante à une multiplication de perspectives fructueuse mais indisciplinée. Il convenait donc, avant toute application statistique, de concilier les diverses interprétations, de normaliser les concepts et de préciser les formules.

1. Les concepts

Dans son acception première et élémentaire, la productivité était comprise comme le rapport d’une production sur la quantité de travail nécessaire à cette production . Elle aboutissait, en conséquence, aux formules bien connues de production par tête, par heure de travail, etc. Cette simplicité, apparente, du phénomène eut deux conséquences tout à fait opposées. D’une part, le mot passa dans le langage courant où il perdit bientôt sa spécificité originelle; d’autre part, et en réaction contre la facilité, un petit nombre d’experts soumirent l’interprétation initiale à une sévère critique, la nuancèrent par des concepts plus fins et lui opposèrent des interprétations différentes ou plus synthétiques.

Plus précisément, par l’effet de la déformation vulgaire, la productivité se confondait avec les notions voisines d’efficience, de rendement et de rentabilité ou se réduisait aux techniques d’organisation, de rationalisation, de standardisation. Et surtout, devenue panacée, on la prenait comme synonyme d’abondance illimitée. Après la «transmutation» des alchimistes, le «produit net» des physiocrates, la «plus-value» des marxistes, l’humanité croyait enfin découvrir la véritable source de l’enrichissement autonome, du surplus gratuit. Cette croyance était d’autant plus paradoxale qu’en fait les fondateurs des théories de la productivité, tel J. Fourastié, avaient souligné l’importance et la persistance du rationnement en matière économique.

À l’inverse, par le jeu d’une déformation savante, la productivité se disloquait en concepts multiples et parfois contradictoires. En combinant systématiquement les notions de productivité finale et de productivité nationale, de productivité globale et de productivité partielle, de productivité brute et de productivité nette, de productivité de l’emploi et de productivité horaire, de productivité du travail et de productivité du capital, de productivité moyenne et de productivité marginale, de productivité relative aux agents et de productivité relative aux biens, etc., on en venait rapidement à un nombre excessif de formules. Après avoir efficacement contribué à l’observation scientifique, la multiplication des concepts risquait d’introduire une certaine confusion. Aussi, après l’étape de la création spontanée, l’étape de la normalisation disciplinée a permis d’ordonner et, partiellement, de simplifier la théorie de la productivité.

En ce sens, il est actuellement admis que, dans son acception la plus générale, la productivité est le quotient d’une production par l’ensemble ou par l’un seulement des facteurs de production qui s’y rapportent . L’évolution de la productivité exprime donc les mouvements de la production qui sont imputables au rendement propre des facteurs de production, après élimination de l’influence des variations quantitatives de ces facteurs. Par exemple, dans l’économie française des trente dernières années, sur une augmentation de 100 p. 100 de la production intérieure brute, 60 p. 100, soit les trois cinquièmes, ont tenu à la productivité, au progrès technique. Les deux cinquièmes restants s’expliquent essentiellement par l’effort de production (investissements) et par

une augmentation de la population active. (L’accroissement de 60 p. 100 cité ici est celui de la productivité globale des facteurs de production, dont la définition sera précisée ultérieurement.)

En outre, à un niveau plus détaillé de l’analyse, un certain nombre de distinctions ont été éprouvées et utilisées en pratique. Ce sont notamment celles qui opposent la productivité physique à la productivité en valeur, la productivité brute (retenant la valeur totale d’une production) à la productivité nette (s’attachant à la valeur créée par une production), la productivité globale (de l’ensemble des facteurs de production) à la productivité partielle (d’un facteur déterminé).

Productivité physique et productivité en valeur

La productivité physique mesure un rendement en nature . Elle suppose que, par rapport à une unité donnée de travail, d’équipement ou de tout autre facteur, la production puisse être appréciée en termes matériels, non monétaires. En ce sens, la production d’automobiles par heure de travail, la production de fonte par haut fourneau, la production de blé par hectare constituent des exemples caractéristiques de productivité physique. La formule est simple et séduisante, encore que, déjà, des difficultés puissent naître de changements dans la production (qui figure au numérateur) ou des divergences dans la définition des facteurs de production (retenus au dénominateur): les statistiques de production tiennent rarement compte des variations de qualité; traditionnellement, se pose déjà, à propos de la productivité physique du travail, le problème du partage entre travail direct, immédiatement imputable à la production, et travail indirect, exigé par les tâches d’organisation ou contenu dans les moyens de production.

De plus, les formules de productivité physique ne sont applicables qu’à des productions simples, relatives à une denrée ou à un produit déterminés (nombre d’automobiles, tonnes de fonte, quintaux de blé, etc.). Mais devant une production complexe, ces formules doivent être abandonnées; par exemple, l’ensemble de la production agricole ou de la production industrielle ne peut être obtenu en additionnant le poids des diverses productions élémentaires. Dès lors, seule l’évaluation en unités monétaires permet une mesure commune. Il en est ainsi notamment à l’échelle de la nation et des branches d’activité. Mais, lorsqu’une production est appréciée en valeur, elle subit, avec la productivité qui en résulte, non seulement l’influence des variations de volumes physiques mais encore l’influence de la structure et de l’évolution des prix. Si les cours des produits agricoles baissent par rapport aux prix des autres produits, l’évaluation de la productivité en agriculture diminue d’autant. Suivant une image bien connue l’économiste est alors dans la situation d’un physicien qui disposerait, pour ses observations, d’un mètre dont la longueur varierait constamment. C’est là le difficile problème de l’utilisation des prix comme instrument de mesure des quantités globales.

Il ne convient pas de renoncer pour autant. Tout d’abord, on peut tenir compte des déformations ainsi subies lors du commentaire qualitatif des résultats obtenus. Ensuite, les mouvements de prix nominaux imputables à la dépréciation monétaire peuvent être éliminés par l’utilisation de prix constants ou par la méthode de mesure à monnaie constante. (La méthode des prix constants consiste à évaluer un agrégat à diverses époques en lui appliquant le système de prix d’une année de référence. La méthode de mesure à monnaie constante consiste à «dégonfler» une quantité monétaire en la rapportant à un indice général de prix, c’est-à-dire à un indice qui mesure indirectement la valeur de la monnaie.) Enfin, la productivité en valeur peut être étudiée pour elle-même. Elle constitue un phénomène propre dont les effets sont au moins aussi importants que ceux du rendement physique. Dans la mesure où les agents économiques recherchent la rentabilité financière avant même le rendement physique, il importe de la prendre en considération, mais il y aura lieu de se souvenir constamment que la productivité en valeur n’est pas une expression simple du rendement des facteurs de production: elle est l’expression combinée d’une efficacité technique et d’un produit monétaire .

Le principe de l’optique monétaire étant ainsi admis, il est alors possible de distinguer la productivité brute (retenant la valeur totale d’une production) de la productivité nette (s’attachant à une valeur différentielle).

Productivité brute et productivité nette

Si certaines expressions doivent être définies en raison de leur nouveauté, d’autres appellent des précisions parce qu’elles ont déjà connu diverses acceptions. Il en va ainsi des qualificatifs brut et net traditionnellement employés en science économique aussi bien que dans la pratique. En matière de productivité, brut signifie que la valeur totale d’une production est appréciée par rapport à un facteur de production. Plus fine, la productivité nette soustrait de la production considérée le montant des achats et la charge de l’équipement.

La formule de la productivité brute ne supprime par pour autant toute difficulté de détermination. Ainsi, la production d’une année ne correspond pas nécessairement aux facteurs de production utilisés dans cette année et il convient dès lors d’introduire des corrections pour variation de stocks. Surtout, les éléments de la production brute ne doivent pas faire double emploi. Les productions intermédiaires, à l’échelle de la nation, et les livraisons intérieures, à l’échelle des branches, sont exclues [cf. PRODUCTION ET SURPRODUCTION]. La production brute est une production finale et s’obtient par sommation de valeurs ajoutées . Elle ne résulte donc pas de l’addition grossière des productions par branches (en ce qui concerne la production nationale) ou des productions par établissements (en ce qui concerne la production des branches). Par exemple, la production industrielle ne totalise pas la production de la métallurgie de transformation et la production sidérurgique, mais la valeur créée par celle-ci et la valeur créée par celle-là. De même, la production sidérurgique ne cumule pas la production de fonte et la production d’acier, mais la valeur de la fonte et la valeur de son élaboration en acier. La production finale est parfois aussi définie en raison de sa destination; elle correspond alors, à l’échelle de la nation, au total des postes suivants: consommation des particuliers, consommation des administrations et des institutions, formation de capital fixe, exportations.

S’opposant à la productivité brute qui concerne une production épurée mais totale, la productivité nette s’attache à une valeur différentielle. En éliminant de cette production totale la valeur des acquisitions extérieures et le coût du capital, elle tend à isoler ce qui, dans un cadre donné, est directement imputable à l’activité de production . Plus précisément, au niveau de la nation, elle exclut la valeur des importations et le montant des amortissements afin d’évaluer l’effet propre de l’activité nationale au cours d’une période donnée. À l’échelle d’une branche ou d’une entreprise, elle exclut les fournitures venant des autres branches ou entreprises et l’amortissement du capital afin d’éliminer l’influence des variations de valeur et des phénomènes de productivité qui se situent en amont. Aussi la productivité nette concerne-t-elle essentiellement l’activité, le travail effectué dans une nation ou dans un cadre plus limité. Elle affine la productivité du travail, mais n’aurait guère de signification en ce qui concerne les productivités qui s’y opposent (productivité du capital) ou qui la recouvrent (productivité globale des facteurs).

Productivité globale et productivité partielle

Les distinctions précédentes (productivité physique et productivité en valeur, productivité brute et productivité nette) se rapportent au numérateur du rapport de productivité ou, plus exactement, à la mesure et au contenu de la production considérée. La distinction entre productivité globale et productivité partielle concerne, au contraire, le dénominateur du rapport de productivité, c’est-à-dire les facteurs de production. L’usage s’est en effet imposé de désigner par productivité globale le rapport de la production à un ensemble de facteurs (travail, capital, matières essentiellement) et par productivité partielle le rapport de la production à l’un seulement de ces facteurs.

En fait, aucun de ces deux termes n’est exactement approprié. La productivité globale n’est pas tout à fait globale; la productivité partielle n’est pas toujours une productivité. Le plus souvent, la productivité globale ne tient compte, en les pondérant d’après leur valeur, que de trois facteurs de production: le travail, le capital, les matières. Le travail peut être apprécié en raison du nombre de personnes occupées, c’est-à-dire par le jeu d’indices d’effectifs, ou, mieux encore, en raison du nombre d’heures de travail effectuées, c’est-à-dire par le jeu d’indices d’activité (le problème se pose alors de savoir si les heures de travail doivent être tenues pour équivalentes et additionnées indistinctement ou différenciées et pondérées elles-mêmes en raison de leur valeur). Le capital est retenu sous la forme des charges d’amortissement qu’implique son renouvellement (toutefois certains auteurs, tel Bertrand de Jouvenel, ont suggéré que le capital soit considéré non au seul titre de l’amortissement, mais encore au titre de sa rémunération et plus exactement de l’intérêt). Les matières sont constituées par les achats effectués hors du domaine étudié (importations s’il s’agit d’une économie nationale, acquisitions extérieures s’il s’agit d’une branche). Mais, outre que ces trois facteurs ne sont pas toujours suffisamment connus, d’autres facteurs peuvent agir sur la productivité: ressources naturelles, connaissances techniques, etc. Dès lors, la productivité globale, qui les ignore généralement, n’est pas aussi exhaustive que sa désignation pourrait le laisser croire.

Quant à la productivité partielle, elle peut exprimer un coefficient de production (ou, plus exactement, l’inverse d’un coefficient de production) plutôt qu’une productivité proprement dite. Dans la mesure où productivité signifie non seulement le rapport d’une production sur un facteur, mais suppose encore une relation de cause à effet entre celle-ci et celui-là, la productivité partielle devrait résulter exclusivement de l’action du facteur considéré. Or, en fait, la productivité d’un facteur (travail par exemple) telle qu’elle est mesurée peut se modifier sous l’influence d’un autre facteur (capital par exemple). La production exige le concours de tous les facteurs et ses variations ne sont pas a priori imputables à l’un seulement de ces facteurs. En outre, l’expression productivité partielle est peu satisfaisante en raison du jeu des rendements décroissants. Ainsi, lorsqu’on double la quantité d’engrais utilisée sur une terre, les autres facteurs restant invariables, la récolte obtenue n’augmente pas nécessairement dans la même proportion. Peut-on dire pour autant que la productivité partielle des engrais a diminué?

Par-delà ces questions fondamentales, les calculs de productivité à l’échelle de la nation, des branches et des entreprises posent de nombreux et difficiles problèmes d’ordre purement statistique. Toutefois, on se limitera ici à préciser, à partir des notions précitées, quelles sont les principales formules de productivité pratiquement utilisées.

2. Définition des formules

La productivité de certaines activités isolées peut être appréciée en nature, mais, comme on l’a observé, la plupart des mesures de productivité nécessitent l’emploi de formules en valeur. Dès lors, la productivité physique étant généralement exclue, trois formules sont principalement utilisées: la productivité globale des facteurs, la productivité brute du travail, la productivité nette du travail.

Productivité globale des facteurs

En application des principes précédemment développés, la productivité globale des facteurs s’exprime par le rapport:

Cette formule, qui suppose en pratique l’utilisation d’indices pondérés, est réaliste dans la mesure où elle présente d’étroites affinités avec le prix de revient. La productivité globale dépend, comme le prix de revient, d’un coût total. On peut d’ailleurs rapprocher de la productivité globale les formules qui tendent à apprécier la productivité à travers les prix. Ces formules impliquent soit le rapport de l’indice du prix des facteurs sur l’indice du prix des produits, soit, selon la méthode de Fourastié, le rapport du salaire horaire moyen sur le prix d’un produit donné.

Cependant, la productivité globale a jusqu’à présent été moins employée à l’échelle des entreprises qu’à l’échelle de la nation. Les données nécessaires à son calcul ne peuvent pas toujours être rassemblées. Souvent, les informations disponibles ne permettent d’apprécier que la productivité brute ou nette du travail. En outre, plus que toute autre, la formule de la productivité globale des facteurs n’a de sens que dans la mesure où elle est calculée à prix constants. En effet, exprimé en valeur nominale, le rapport de la valeur de la production sur la valeur de l’ensemble des facteurs de production consommés est toujours proche de l’unité.

Productivité brute du travail

La productivité brute du travail s’obtient par le rapport:

L’emploi mesure le travail dépensé. Lorsqu’il est donné en effectifs, il aboutit à des formules de production par tête. Lorsqu’il est retenu sous forme d’activité, il conduit à des formules de production par heure de travail. Les indices d’activité résultent en effet de la multiplication des indices d’effectifs par des indices correspondants de durée du travail. Dans le cadre d’une étude du progrès économique et du niveau de vie, la formule de la production par tête peut suffire, mais, pour l’observation même du progrès technique et de l’évolution des rendements, la productivité par heure de travail est plus appropriée (à l’échelle nationale, ces formules peuvent être rapprochées du revenu réel par tête ou par heure, lequel est d’ailleurs parfois considéré comme une variante des rapports de productivité). En outre, en raison même de son caractère partiel, la productivité brute, comme la productivité nette du travail, doit être interprétée en tenant compte des influences qui peuvent être exercées par les autres facteurs de production.

Productivité nette du travail

La productivité nette résulte du rapport:

qui peut s’écrire également en raison de la définition de la production nette donnée par les comptables nationaux:

Bien que plus précise que la production brute, cette formule n’est pas sans inconvénient. En effet, si la déduction des amortissements et des achats permet, comme on l’a observé, d’isoler la production ajoutée par une branche, il demeure que la formule peut surévaluer le degré de productivité de cette branche. Lorsque la diminution relative du travail dépensé pour une production donnée a été plus ou moins compensée par l’augmentation de la quantité utilisée des autres facteurs, la productivité nette du travail apparaît plus élevée que la productivité globale des facteurs. Ainsi, la productivité nette du travail ne se suffit pas non plus à elle-même. Les substitutions de facteurs affectent aussi bien sa signification que celle de la productivité brute .

Surtout, la productivité nette du travail est particulièrement vulnérable aux déformations qui proviennent de l’utilisation d’un système de prix constants. En effet, si entre l’année de base et l’année terminale de la période étudiée le prix nominal en francs courants des éléments déduits du numérateur s’est sensiblement modifié, la déduction ainsi opérée devient insuffisante (si les prix ont augmenté) ou excessive (si les prix ont diminué). À l’extrême, si les prix nominaux des matières subissaient une baisse très marquée et si la quantité de matière consommée avait, par contre, fortement augmenté, il se pourrait que la production nette calculée à prix constants devienne négative.

Aussi, face aux formules bien arrêtées, la réalité impose, en la matière, bien des nuances et des précautions. «Le domaine de la productivité est par excellence celui de la relativité et de la subtilité», écrit L. A. Vincent au terme de ses substantiels travaux méthodologiques. Est-ce à dire qu’il faille renoncer à apprécier l’évolution de la productivité? Certainement non. Un minimum d’arbitraire permet parfois de mieux connaître la réalité qu’une somme d’objections.

3. Tendances des phénomènes de productivité

Les statistiques françaises et internationales de productivité par branche ont confirmé et précisé des tendances qui, pour la plupart, étaient déjà connues ou pressenties. Conformément à la théorie des trois secteurs, il est apparu, en ce sens, qu’à long terme la productivité de l’agriculture s’est manifestement accrue dans des proportions mesurées. En outre, les taux d’augmentation de la productivité les plus élevés ont été observés, comme on s’y attendait, dans le secteur industriel. Enfin, le progrès technique est bien apparu plus lent dans les services que dans l’ensemble de l’économie.

Cependant, quelques nuances se sont imposées. Les progrès de l’agriculture sont plus élevés qu’il n’avait été prévu. La productivité des activités industrielles, bien que généralement forte, varie très sensiblement suivant les branches. La productivité des services tend à s’accroître et à rejoindre la productivité moyenne de l’économie.

Dépassement des prévisions dans l’agriculture

La théorie des trois secteurs enseigne que l’intensité du progrès technique en agriculture est moyenne, plus faible que dans l’industrie, plus marquée que dans les services. En effet, les statistiques de productivité brute du travail (production à prix constants par heure de travail) montrent que pendant longtemps la productivité agricole s’est accrue dans la plupart des pays industrialisés à un taux très voisin du taux moyen pour l’ensemble de l’économie.

Cependant, ce parallélisme a cessé depuis la Seconde Guerre mondiale. Tant pour des raisons techniques (mécanisation, engrais, amélioration des espèces, lutte contre les parasites, etc.) qu’économiques (appel de main-d’œuvre exercé par l’industrie), juridiques (régime foncier, remembrement) ou sociologiques (éducation, mentalité), l’accroissement de la productivité agricole s’est accéléré au point de dépasser sensiblement celui des productivités nationales. Ce phénomène s’observe non seulement en ce qui concerne la productivité brute du travail, mais aussi en ce qui concerne la productivité globale des facteurs. Aussi, les propositions de la théorie des trois secteurs, comme les prévisions des planificateurs, ont été confirmées dans leur sens mais dépassées en intensité. L’évolution réelle a été plus rapide que l’évolution prévue. Les esprits les plus prospectifs n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer que la productivité actuelle de l’agriculture pourrait être multipliée par cinquante. (La culture n’utilise guère qu’un millième de l’énergie solaire reçue sur la surface de la Terre. Or, ce pourcentage devrait pouvoir être porté à 5 p. 100.) Par contre, en matière industrielle, certaines branches d’activité ont présenté un taux de productivité assez faible et retardé de ce fait la progression moyenne de l’industrie.

Diversité des évolutions dans l’industrie

En matière industrielle, des recherches importantes avaient été menées dès 1945 et avaient permis, pour certaines branches, d’élaborer des séries statistiques remontant à une centaine d’années. Ainsi était-il apparu que depuis fort longtemps les mines de charbon, la sidérurgie, la fonderie de fonte d’acier et de cuivre, les tanneries, l’industrie de la chaussure, les brasseries et chocolateries, les manufactures de tabac et allumettes se caractérisaient par des taux de productivité assez faibles. À l’opposé, les mines de fer et de potasse, les carrières de bauxite, les industries du verre, du ciment, des papiers et cartons, certaines filatures textiles se révélaient progressives.

Cependant, il s’agissait là de cas particuliers. L’ensemble des branches n’était pas couvert par ces travaux. C’est seulement à l’heure actuelle que des statistiques exhaustives concernant la productivité brute du travail ont pu être dressées à compter du début du siècle. Les difficultés, on s’en doute, étaient nombreuses et bien des imperfections demeurent. L’homogénéité des séries n’est pas toujours satisfaisante. En outre, les statistiques ainsi obtenues déçoivent quelque peu, dans la mesure où l’on espérait pouvoir dégager des ensembles bien caractéristiques.

En fait, les industries les plus progressives n’ont guère de points communs et il en va de même en ce qui concerne les industries moins progressives. Tout au plus observe-t-on que les industries dont le développement est récent (chimie, caoutchouc, électricité) ont généralement un taux de productivité élevé . Par contre, parmi les branches dont le taux est relativement bas se situent essentiellement des industries dont l’activité est ancienne (charbon, sidérurgie, métallurgie, matériaux de construction, bâtiment, bois, cuirs et peaux). Cependant, il serait vain de généraliser: la réciproque n’est pas vérifiée. Les industries anciennes n’ont pas toutes nécessairement une faible productivité. Ainsi, le textile se situe dans une catégorie assez progressive.

Ces phénomènes tiennent, semble-t-il, à la complexité des causes qui agissent sur la productivité. Si la productivité et, par-delà, le progrès technique ne dépendaient que d’éléments technologiques, les activités à techniques évolutives, d’une part, et les activités à techniques stationnaires, d’autre part, se regrouperaient naturellement, les premières présentant nécessairement des taux élevés, les secondes des taux faibles. Mais, en fait, la productivité dépend tout autant de causes économiques que de causes techniques. Lorsque, sous l’effet de la demande, une production ou un service se développe sans qu’il soit nécessaire, pour autant, de faire appel à de nouveaux facteurs de production, la productivité augmente indépendamment de tout facteur technique. La productivité d’un commerçant qui, brusquement, sert une clientèle deux fois plus nombreuse, double, alors que toutes choses sont restées égales par ailleurs. Plus généralement, lorsqu’il n’y a pas de proportionnalité stricte entre production et facteurs de production, le volume même de la production est un facteur de productivité. Dès lors, parmi les branches à haute productivité peuvent figurer des activités à techniques évolutives, mais dont la production et les débouchés sont relativement limités, et des activités à techniques moins évolutives, mais dont le volume de production augmente sensiblement. Cependant, malgré la complexité de ces situations, quelques autres tendances peuvent être discernées. Ainsi apparaît-il que les industries élaborant ou travaillant des matériaux et produits élémentaires (charbon, fer, bois, verre, cuir) ont généralement une croissance de productivité moindre que les industries élaborant ou travaillant des matériaux et produits plus complexes (produits chimiques, pétroles, carburants, fibres textiles). Il se pourrait donc qu’en matière industrielle les possibilités de progrès technique diminuent au fur et à mesure que l’activité se rapproche de la matière brute, de l’élément naturel.

Enfin, il s’avère que les branches les moins progressives ont un taux de productivité plus faible que celui des services (commerce). Ce sont des activités classées hors des services qui présentent les taux les plus bas, telles les industries agricoles et alimentaires ou l’industrie du bois. Par contre, le secteur des services tend, dans une certaine mesure, à perdre sa traditionnelle infériorité en matière de productivité.

Mouvements progressifs dans les services

La thèse suivant laquelle les services excluent un progrès technique marqué remonte dans une certaine mesure à l’histoire même des doctrines économiques. Il était normal qu’après avoir été considérés comme «stériles» par les physiocrates, comme «improductifs» par divers économistes classiques et marxistes, les services aient été suspectés de relative improductivité. Les travaux statistiques menés sur l’économie française par l’I.N.S.E.E. (Institut national des statistiques et des études économiques) confirment d’ailleurs partiellement le fait. Au début du XXe siècle, le taux moyen de productivité dans les services était inférieur de moitié à celui de l’ensemble de l’économie et, actuellement, certains services (Administration, Défense, Enseignement, Santé) présentent un taux bien moindre que le taux moyen national.

Cependant, la tendance générale de la productivité dans les services est de s’accroître progressivement. Ainsi, en France, le taux moyen annuel de productivité brute du travail dans les services (commerce excepté) passe de 0,9 p. 100 pour la période 1896-1913 à 2 p. 100 pour 1913-1928, 2,4 p. 100 pour 1928-1938, 3,6 p. 100 pour 1949-1970. Le commerce suit une évolution comparable et même plus accentuée puisque passant d’un taux de 0,6 p. 100 à 3,9 p. 100 pour les mêmes périodes initiale et finale considérées. En outre, une analyse plus détaillée montre qu’à partir des années 1970 certaines branches de services, tels précisément le commerce, les transports, les banques, les assurances avoisinent également ou dépassent le taux moyen pour l’ensemble des branches économiques. Ainsi, finalement, seuls les services publics (Administration, Santé, Enseignement, Défense) ont un taux de productivité sensiblement inférieur au taux d’ensemble.

Dès lors, il conviendrait sinon d’infirmer le critère suivant lequel les services se caractériseraient par un progrès de productivité relativement faible, tout au moins d’en limiter la validité à certains types de services que l’État a été généralement amené à prendre en charge, en raison de leur faible rentabilité ou de leur caractère non commercial. Il apparaît d’ailleurs que la baisse générale (d’environ la moitié) des taux d’accroissement de productivité observée après le premier «choc pétrolier» et la «rupture de 1974» a moins affecté ce type de services que l’ensemble de l’économie marchande.

Il semble, plus généralement, que le ralentissement du progrès technique épargne les secteurs qui, à l’origine, sont les moins performants et ont donc moins à perdre. Cependant, par une sorte de logique des extrêmes, les secteurs industriels les plus performants perdent également assez peu, l’essentiel du ralentissement portant finalement sur les activités à progrès technique moyen.

4. Conséquences socio-économiques

À la limite, toute la vie économique et sociale se trouve dépendre des phénomènes de productivité et de progrès technique. Ainsi, certaines théories générales de l’évolution économique ont pu, avec Fourastié notamment, être élaborées en partant de ces phénomènes. La productivité peut expliquer en effet des évolutions aussi diverses que celle des prix, des salaires, de la rente du sol, de la valeur du capital, des taux de change, de la durée du travail, etc. Toutefois, la productivité pose deux problèmes particulièrement cruciaux et flagrants, l’un au niveau de la production (celui du volume de l’emploi), l’autre au niveau de la répartition des revenus (celui de la diffusion des gains de productivité).

Problèmes de l’emploi

La relation entre productivité et emploi résulte de la définition même de la première. En effet, en partant du rapport:

on obtient:

et, comme tôt ou tard la production doit s’adapter à la consommation,

Ainsi, à moyen et long terme, la productivité diminue l’emploi dans les activités où elle s’accroît plus vite que la consommation et augmente l’emploi dans les activités où la situation est inverse. Plus généralement, le progrès technique est dit «récessif» ou «processif» selon que, par ce mécanisme, il est destructeur ou créateur d’emplois.

Bien sûr, en raison même des différences d’évolution entre consommation et productivité, la répartition des activités économiques entre branches à progrès processif et branches à progrès récessif (destructrices d’emploi) est très différente de la répartition entre branches à forte productivité et branches à faible productivité. Les branches à progrès processif (créatrices d’emploi) comprennent aussi bien des branches dont le taux de productivité est supérieur à la moyenne que des branches où ce taux est inférieur à la moyenne. Dans les premières (industrie chimique, industrie du verre, électricité, par exemple), la productivité tendrait, en raison de sa forte intensité, à abaisser le niveau de l’emploi, mais les débouchés et la production augmentent suffisamment pour annuler cette tendance. Dans les secondes (bâtiment, industrie du bois...), la lenteur du progrès technique et le développement de la consommation conjuguent leurs effets pour stimuler l’emploi.

De même, les branches à progrès récessif sont composées aussi bien de branches à haute productivité que de branches à basse productivité. Dans les premières (agriculture, textile, par exemple), l’amplitude du progrès technique et la stabilité relative de la consommation entraînent l’une et l’autre une diminution de l’emploi. Dans les secondes (charbon, cuir, entre autres), les débouchés sont limités au point de déterminer une baisse de l’emploi malgré la lenteur du progrès technique.

Bien entendu, à court terme, le volume d’emploi dépend également de phénomènes immédiats d’ordre conjoncturel: niveau des investissements, montant des dépenses publiques, mouvements du commerce extérieur, par exemple. Mais quelle que soit leur importance dans l’actualité économique, ces phénomènes ne doivent pas masquer l’influence fondamentale que le progrès technique exerce aussi bien, d’ailleurs, sur la répartition des revenus que sur l’emploi.

Diffusion des gains de productivité

Il est bien évident que les progrès de productivité impliquent initialement une baisse des coûts à l’avantage des entreprises. Mais il est non moins évident que les ressources supplémentaires ainsi dégagées ne sont pas toutes disponibles.

Déjà, au strict point de vue de l’analyse comptable, profit ne signifie pas nécessairement liquidités. Dans les firmes en expansion, les encaisses sont limitées à la couverture des exigibilités immédiates; les capitaux travaillent, s’emploient en immobilisations ou tout au moins dans le fonds de roulement. Dès lors, le profit, bien qu’inscrit au bilan, n’a pas de contrepartie suffisante dans les comptes de trésorerie pour permettre une distribution immédiate. C’est dans ce sens que les experts ont pu parler du «caractère semi-automatique» de la rétention des profits. Les gains de productivité facilitent d’autant plus ce processus qu’ils permettent d’accroître le profit tout en maintenant les prix de vente à un niveau constant.

Ainsi, le progrès technique facilite l’autofinancement et remédie aux insuffisances de l’épargne privée. Une part croissante de la production est épargnée pour l’investissement. Le progrès technique augmente le produit, mais pour partie l’immobilise aussitôt, quel que soit par ailleurs le régime d’appropriation du capital.

Cependant, le progrès technique ne profite pas qu’à lui-même. Après que le prélèvement nécessaire à la formation du capital a été effectué, la masse disponible des gains de productivité tend à se distribuer, soit par l’intermédiaire de la baisse des prix au profit des consommateurs, soit sous forme d’une répartition organisée entre des catégories plus particulières d’ayants droit.

L’abaissement des prix de vente consécutif à la réduction des coûts est le procédé traditionnel de diffusion des gains de productivité. Dès le début du XIXe siècle, J.-B. Say observait que les «procédés expéditifs» permettent «une douceur de prix qui ne coûte rien à personne». Cette transmission globale du progrès à l’ensemble des consommateurs ne s’impose pourtant que dans la mesure où les mécanismes du marché fonctionnent librement sous un régime de concurrence. Ainsi en allait-il au XIXe siècle, lorsqu’en période de crise la compétition incitait les firmes progressives à abaisser leurs prix et condamnait sans recours les entreprises marginales. Ainsi en va-t-il encore actuellement en Europe dans certains secteurs où la lutte des prix demeure sévère et s’aggrave même par l’effet du Marché commun. Dans ces secteurs (équipements ménagers, par exemple) les prix réels (par rapport aux salaires) et les prix relatifs (par rapport au niveau général des prix) se sont caractérisés par des baisses très marquées, quoique effectivement masquées en valeur nominale par suite de l’inflation monétaire.

Mais les baisses de prix ne sont plus aussi impératives aujourd’hui qu’autrefois. Les crises ne sont plus déflationnistes et certains secteurs de l’économie sont suffisamment organisés pour modérer les effets de la concurrence. En effet, la diffusion immédiate du progrès par les prix n’est pas toujours possible ni même souhaitable. La baisse des prix augmente la valeur réelle de l’endettement et pénalise, de ce fait, les industries à forte intensité de capital. Elle va parfois au-delà de son objectif, conduisant, comme en matière agricole, de nombreuses entreprises à une situation critique. Aussi, les actions collectives des entreprises visent à soutenir les prix mais tendent, en revanche, à augmenter les revenus distribués.

En ce sens, la répartition des fruits de la croissance dans le cadre de l’entreprise est encouragée en divers pays par des mesures d’intéressement et de participation. Cependant, dans les régimes capitalistes, c’est encore par l’intermédiaire des augmentations de salaires négociées que les syndicats conçoivent, pour l’essentiel, la participation aux gains de productivité. La «socialisation» du progrès par les revenus présente d’ailleurs un incontestable avantage psychologique: elle est bien plus flagrante que la socialisation par les prix. Or, les formes apparentes de diffusion sont préférées aux formes invisibles.

Cependant, l’attribution exclusive des gains de productivité aux dirigeants et aux salariés des industries en progrès aurait vite fait de perturber le marché de la main-d’œuvre et le niveau des prix. Même en dehors de toute équité, le fonctionnement normal de la production et de la répartition implique une certaine redistribution des fruits du progrès technique entre secteurs et branches économiques. Leur rétention sous forme de hauts salaires dans les industries en progrès déterminerait tout d’abord un excès d’offre de travail dans ces industries. Elle fournirait ensuite aux salariés des autres secteurs un modèle de hausse et susciterait un mouvement de revendication pour l’alignement sur le secteur privilégié. L’effet directeur exercé par le taux le plus élevé donnerait alors naissance à un processus d’inflation salariale dont la vitesse serait fonction de l’intensité du progrès technique dans les secteurs en expansion.

Est-ce à dire qu’à l’opposé la répartition uniforme des gains de productivité suivant une moyenne nationale constitue une solution réaliste et désirable? Certainement non. Certes, le parallélisme entre l’évolution des salaires et celle de la productivité nationale est apparemment compatible avec la stabilité des prix. Mais, dans cette hypothèse d’évolution uniforme des salaires, aucun stimulant particulier n’attirerait l’offre du travail dans les industries en expansion. La politique de répartition uniforme des surplus de croissance empêcherait la mobilité de la main-d’œuvre, les mouvements de forces productives que le progrès technique nécessite précisément.

En fait, une solution de compromis s’impose. Les salaires moyens des secteurs progressifs présentent une disparité modérée par rapport aux salaires des secteurs stationnaires. Ainsi, la redistribution des gains de productivité entre secteurs et branches, sans être totale, est néanmoins effective. D’ailleurs, un autre mode de diffusion est encore possible: la transformation des gains de productivité en temps d’activité.

En effet, au lieu d’être investis ou distribués, les gains de productivité peuvent permettre simplement de réduire la durée du travail. Pour une production donnée et toutes choses égales par ailleurs, lorsque le rendement augmente d’un certain pourcentage, la durée du travail peut être diminuée d’autant. Bien plus, la réduction de la durée du travail est elle-même un facteur d’accroissement de la productivité horaire. Un accroissement autonome de la productivité permet donc d’obtenir une certaine réduction de la durée de ce travail sans diminution du pouvoir d’achat. Dès lors se pose un problème général d’option entre l’amélioration du niveau de vie (plus-avoir) et celle du genre de la vie (mieux-être). En ce sens, par suite des progrès techniques réalisés, on admet que la semaine de trente heures aurait pu apparaître dans les années 1980 si nous avions accepté un niveau de vie des années 1960. Pareillement, si nous avions décidé vers 1980 d’affecter la totalité des gains futurs et probables de productivité à la réduction du temps de travail, nous aurions pu prétendre à cette durée hebdomadaire avant la fin de ce siècle.

Cependant, devant la montée des besoins et des exigences du développement économique, notre civilisation n’est pas parvenue à opter exclusivement pour la réduction de la durée du travail. Des choix plus nuancés entre les divers modes de diffusion des gains de productivité sont apparus. Ce devrait être précisément l’objet de toute politique économique que d’éclairer et de guider correctement ces options fondamentales.

productivité [ prɔdyktivite ] n. f.
• 1766; de productif
1Caractère productif (d'une chose, d'une activité). La productivité d'une terre.
2Rapport de la quantité produite à un ou plusieurs facteurs de production (travail, capital physique, énergie, etc.). rendement. Normes de productivité. Productivité globale, calculée par rapport à l'ensemble des facteurs. Productivité du travail. Absolt Accroissement, baisse de la productivité.
Absolt Ce rapport considéré comme élevé ou devant être accru. Investissement de productivité. Recherche, objectif de productivité. Culte de la productivité. productivisme.

productivité nom féminin Caractère productif de quelque chose, d'une activité : Productivité d'un sol. Rapport entre le résultat d'une activité productive (biens et services) et les facteurs de production que l'on a utilisés pour parvenir à cette production. (On distingue communément la productivité du capital, rapport de la valeur ajoutée au capital fixe productif en volume, la productivité du travail, rapport de la valeur ajoutée au nombre d'heures travaillées, et la productivité globale des facteurs, qui rapporte la valeur ajoutée au volume des deux facteurs capital et travail.) Écologie Masse de substance vivante produite, dans un temps donné, sur une surface terrestre ou dans un volume d'eau marine ou lacustre donnés. ● productivité (expressions) nom féminin Productivité de l'impôt, montant des sommes dues à l'impôt rentrant dans les caisses de l'État, compte tenu des frais de perception de l'impôt. ● productivité (synonymes) nom féminin Caractère productif de quelque chose, d'une activité
Synonymes :

productivité
n. f.
d1./d Capacité de produire, de rapporter plus ou moins.
d2./d Rapport entre la quantité de biens produits et les facteurs nécessaires pour cette production (énergie, travail, matière première, capital, etc.).

⇒PRODUCTIVITÉ, subst. fém.
A. —Faculté de produire, aptitude à produire; caractère productif d'une chose, d'une activité. Effort de productivité; productivité d'un pays, d'une terre, du travail; productivité humaine, intellectuelle. L'athlétique dépense une grande force pendant son travail, mais il est vite épuisé: sa productivité par suite est moyenne (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.202). Il semble qu'à l'heure actuelle, les progrès techniques réalisés dans le transfert du courant électrique à longue distance permettent de prévoir, dans un avenir plus ou moins lointain, la productivité d'une grande partie des régions tropicales (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p.26).
P. anal., dans le domaine écon. Rapport entre la production et les différents facteurs qui ont permis de l'obtenir (travail, dépenses engagées, qualité, etc.). Productivité globale; productivité moyenne du travail; productivité d'un capital investi; améliorer, augmenter la productivité; facteurs de productivité. La productivité de la main-d'oeuvre a, en effet, considérablement augmenté depuis l'avant-guerre (Industr. fr. caoutch., 1965, p.49).
B.Spécialement
1. AGRIC. Aptitude potentielle d'un organisme végétal à fournir une certaine quantité d'un produit déterminé. Les vignes américaines étaient elles-mêmes assez mal adaptées aux sols où était établi le vignoble et le greffage entraînait de son côté des modifications imprévues de la vigueur et de la productivité des cépages greffons (LEVADOUX, Vigne, 1961, p.61).
2. ÉCOL. ,,Quantité de matière vivante produite par une population ou une communauté végétale ou animale ou par une biocénose au cours d'une période de temps déterminé`` (Agric. 1977).
3. FIN. Productivité de l'impôt. ,,Sommes rentrant dans les caisses de l'État compte tenu des frais relatifs à leur perception`` (BARR. 1974).
4. LING. Action de produire de nouvelles expressions nominales, adjectivales et autres, expressions qui ne se sont pas encore rencontrées dans les phrases réalisées (d'apr. Ling. 1972).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. [Ne paraît pas att. ds Journ. d'Agric., févr. 1766, contrairement aux indications de BRUNOT t.6, p.193]; 1840 att. indirectement par improductivité; 1858 (LITTRÉ-ROBIN). Dér. de productif; suff. -ité, v. -té. Fréq. abs. littér.:117. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.384.

productivité [pʀɔdyktivite] n. f.
ÉTYM. 1766; de productif.
1 Caractère productif (d'une chose, d'une activité). → Industrialiste, cit. || La productivité du capital. || Productivité d'une terre. Fécondité.
2 Écon. Rapport du produit (quantité de bien matériel obtenu, importance du « service » assuré) aux facteurs de production (quantité d'énergie ou de matière première employée, temps de travail dépensé, capital mis en œuvre, etc.). || Normes de productivité. || Productivité globale, calculée par rapport à la totalité des facteurs. || Productivité d'un facteur (généralement la quantité de travail). || Productivité du capital, des matières premières. || Productivité du travail, ou, absolt, productivité. Rendement. || Mesure de la productivité. || Productivité horaire, annuelle. || Productivité d'une entreprise, d'une industrie. || Augmentation, accroissement de la productivité d'une entreprise.Absolt. Ce rapport considéré comme élevé ou devant être accru. || La productivité, facteur d'amélioration du niveau de vie. || Recherche systématique de la productivité.
1 À partir du moment où la productivité, envisagée par les bourgeois et les marxistes comme un bien en elle-même, a été développée dans des proportions démesurées, la division du travail, dont Marx pensait qu'elle pourrait être évitée, est devenue inéluctable.
Camus, l'Homme révolté, p. 265.
2 Nous savons que maintenant, on réserve de plus en plus le mot productivité à une notion particulière, celle de la production par heure de travail. Mais, au sens large, le mot productivité s'applique à toute production ramenée à l'unité de l'un des facteurs de la production. Par exemple, on peut mesurer la productivité par rapport aux investissements, par rapport aux intérêts versés aux obligataires, par rapport au capital social, ou par rapport à telle machine que l'on achète, en comparant la production obtenue sans la machine avec la production obtenue avec la machine.
Jean Fourastié, la Productivité, p. 86.
3 Didact. Caractère de ce qui produit (un effet, un élément nouveau). || La productivité d'un processus, d'une règle…
Productivité d'un écosystème : rapport entre la quantité d'énergie stockée (sous forme de matière organique) et l'unité de temps. || Productivité primaire brute : assimilation totale (vitesse de photosynthèse).
CONTR. Improductivité. — Aridité.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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